André Routis
André Routis
Pour ma première chronique dans le gant et la plume je ne pouvais pas trouver plus symbolique qu’un champion du monde plume et bordelais de surcroit. Le troisième champion français à une époque où la ceinture autant que l’organisme qui la décernait était unique. Une seule fédération pour un monde bien plus petit qu’aujourd’hui mais beaucoup moins divisé. La prolifération des fédérations internationales, souvent plus mercantiles que sportives, sème la confusion dans les esprits. Un esprit pas toujours sportif qui hante les champions de doutes et d’incertitudes. Leur crédibilité passe par une réunification à l’ancienne. Des anciens que les jeunes générations méconnaissent. Je ne suis plus tout fait un jeune mais je reconnais mes lacunes dans l’histoire pugilistique de notre région. Heureusement que le hasard et la fréquentation des rings et des vestiaires dans les années soixante m’a permis de croiser quelques grands personnages dont André Routis lui-même. C’était lors d’une pesée officielle à la Benauge ou au Palais des Sports, je me souviens plus très bien, mais par contre je me souviens parfaitement de la fascination que j’éprouvais en écoutant quelques vétérans refaire le monde et les combats dans une salle annexe ou j’étais entré par hasard. L’un deux racontait son combat victorieux au Madison Square Garden avec un titre mondial à la clé. Ce boxeur dont j’ignorais le nom a été le soir de la réunion présenté sur le ring. C’était André Routis qui à New York en 1928, sur le ring du Madison Square Garden devant 10 000 spectateurs a battu Tony Canzoneri et conquis le titre mondial des plumes. Après Georges Carpentier et Eugene Criqui,c’est le troisième français à accéder au titre suprême. Un titre mérité tant il a dominé l’italien remportant la deuxième reprise et les huit dernières d’une confrontation allant au terme de ses quinze rounds. Une victoire acquise aux points et à l’énergie. C’était un combattant généreux qui ne lâchait rien. Par la répétition de ses attaques au corps Routis a triomphé d’un adversaire qui avait parfaitement débuté le combat en l’expédiant au tapis au cours de la première reprise. Routis affectionnait le combat rapproché. C’était sa boxe. Une boxe dure et exigeante qui nécessite beaucoup de vigueur et d’endurance. Son gros cœur compensait son manque de punch. Un cœur qui a été certainement touché par l’ovation méritée du public italien du madison qui reconnaissait la victoire du bordelais. Un bordelais qui est né avec le siècle précèdent : le 16 juillet 1900. Il nous a quitté en 1969 un 16 juillet également.
GUY BUSQUETS
POUR EN SAVOIR PLUS SUR André Routis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Routis
http://www.sudouest.fr/2013/04/02/ko-au-vel-d-hiv-champion-a-new-york-1012417-2780.php