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13 juillet 2015

AYA CISSOKO LIVRE SON HISTOIRE DE BOXEUSE DANS « DANBÉ, LA TÊTE HAUTE »

AYA

Danbé, la tête haute est une fiction inspirée de l’ouvrage d’Aya Cissoko et Marie Desplechin intitulé Danbé. De Ménilmontant à Sciences Po, Danbé, la tête haute retrace le parcours hors du commun d’Aya Cissoko, fille d’immigrés d’origine malienne frappée par une série de drames familiaux, avant d’être sacrée championne du monde de boxe. Primé au Festival du de la fiction TV de la Rochelle 2014 (prix du meilleur téléfilm, prix Poitou-Charente des lecteurs du sud ouest), Danbé, la tête haut sera diffusé sur la chaîne ARTE le 23 janvier prochain à 20h50. Même si Aya Cissoko n’incarne pas son propre rôle joué successivement par Médina Diarra,Moussa Sylla et Annabelle Lengronne, elle s’est impliqué au côté du réalisateur Bourlem Guerdjou. Aya Cissé livre dans cet entretien ses impressions et revient sur son parcours.

Avez-vous songé à incarner votre propre rôle ?

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Aya Cissoko, boxeuse et écrivaine franco-malienne. Elle a été championne du monde amateur de boxe française en 1999 et 2003.

 Je l’avais suggéré au réalisateur, Bourlem Guerdjou, mais il n’a pas retenu l’idée. Devenir comédienne ne s’improvise pas, mais ce qui m’intéressait, c’était de montrer la beauté du geste et le coup parfait dans la boxe, souvent mal filmée. J’ai été formée à la vieille école et la rigueur de ce sport rejoint celle de la danse classique. Mais au final, j’aime le film, la finesse de l’écriture du scénario, signé Pierre Linhart, et sa vérité. C’est ma vie, et je voulais qu’il rende justice à ceux qui y ont joué un rôle considérable. Ma seule exigence – non négociable – concernait le bambara que les personnages devaient parler. Cela a peut-être compliqué le casting, mais le film y a gagné en puissance. Ça fait du bien de voir une fiction française, qui ne soit pas une comédie, dans laquelle les principaux acteurs, noirs, incarnent des héros du quotidien.

La fiction est librement adaptée de votre livre, Danbé *, écrit à quatre mains avec Marie Desplechin. Pourquoi avez-vous eu envie de témoigner à l’époque ?

Marie, que je connaissais, est arrivée au bon moment, après quatre ans où j’avais dû digérer énormément de choses. J’avais arrêté la boxe et débuté mon cursus à Sciences Po. Replonger dans mon parcours était forcément douloureux. Toute ma vie, j’avais appris à encaisser les coups sans rien dire, comme à la boxe où il ne faut jamais se découvrir sous peine de devenir une cible pour l’adversaire. Il fallait que je rompe avec cette règle. Au fond, c’était un autre moi qui se racontait. Mais ce livre, je l’ai écrit comme si je montais sur le ring : il s’agissait d’un défi, pas d’une thérapie.

Votre mère, Massiré, auquel le film est dédié, est au cœur du récit.

Ma mère est une héroïne. Elle avait des valeurs très fortes, mais aussi sa face sombre. Non pas qu’elle ait choisi ce destin. Malienne, elle avait été élevée pour être une bonne mère et une bonne épouse. Comme des millions de femmes dans le monde, ce sont les événements qui l’ont révélée. J’étais très proche de mon père, étant petite, et je ne l’ai découverte qu’après l’incendie dans lequel lui et ma petite sœur ont péri, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1986… Tiraillée entre la tradition africaine et son indépendance, ce petit bout de femme en boubou s’est battu toute sa vie pour faire mentir les présages des anciens, qui l’enjoignaient à retourner au pays. Si j’ai hérité de son obstination, ce n’était pas facile, enfant, de marcher dans ses pas, sans le droit de flancher. On ne manquait de rien, elle nous encourageait, mais il y avait peu d’affect : l’amour ne se verbalisait pas. Je l’ai perdue en mai dernier, et je suis heureuse que le film lui rende hommage à travers ce beau personnage de mère courage, que Tatiana Rojo incarne formidablement.

« La boxe a été mon exutoire »

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Danbé, la tête haute, adaptation de Danbé co-écrit par Aya Cissoko incarné sur cette photo par Médina Diarra à l’âge de 8 ans.

À quoi ressemblait le Ménilmontant de votre enfance ?

D’abord, je me considère comme une enfant du XXe arrondissement. J’ai grandi entre la rue de Tlemcen et la rue de Ménilmontant. Un quartier vivant, avec des terrains vagues où s’organisaient entre gamins des parties de cache-cache géantes, et où les plats montaient et descendaient les étages, lors des fêtes, dans un esprit de solidarité. Bien sûr, dans notre cité, il y avait de la violence, mais aussi des fulgurances. Un théâtre de scènes surréalistes. Si les gens dans les cités ont en commun d’être pauvres, ils ont les mêmes aspirations que les autres. Moi, ce qui m’a sauvée, c’est d’ouvrir ma fenêtre pour voir ce qui se passait à côté, quand d’autres s’enferment derrière des barrières mentales.

Et la boxe ?

Je l’ai choisie en opposition à ma mère. La boxe a été mon exutoire. J’étais douée, ça faisait du bien à l’ego, je me suis prise au jeu. Après le titre de championne de France, on se dit : « Tout ça pour ça ? », et on continue, en quête de sensations, dans une sorte de surenchère, d’addiction. Jusqu’à ce que le corps dise stop. Mais c’est moins ma fracture des cervicales lors de mon titre de championne du monde à Dehli que les séquelles de l’opération qui m’ont contrainte à arrêter. Quand j’ai été paralysée, ma mère, encore, m’a poussée à avancer. Curieusement, face au manque de transparence médicale et pour avoir accès à mon dossier, je suis retournée, plus de quinze ans après, voir Serge Beynet, l’avocat qui avait aidé ma mère à faire reconnaître ses droits, joué par Éric Caravaca dans le film.

C’est après que vous intégrez Sciences Po ?

J’ai rejoint une filière qui venait de se créer pour les sportifs de haut niveau. Encore un hasard. Sciences Po a été une aventure extraordinaire. L’une de mes professeurs Emmanuelle Huisman-Perrin m’a fait aimer la littérature, une lumière qui m’a rendue plus optimiste sur l’humanité. Aujourd’hui, je me consacre à l’écriture. Avoir le temps de la réflexion est essentiel pour moi, et mon second livre sortira au cours de l’année.

Que voulez-vous transmettre ?

J’ai la volonté de témoigner sur les miens et de les faire vivre, mais je ne me considère surtout pas comme un modèle de résilience. Chacun doit suivre sa trajectoire, quitte à résister à la pression du groupe. Le seul conseil que je donne aux jeunes quand j’interviens dans les établissements scolaires, c’est de se montrer curieux et de profiter du savoir qui leur est offert.

Propos recueillis par Sylvie Dauvillier

* Danbé, la tête haute, Meilleur téléfilm au Festival de la fiction TV de La Rochelle 2014, est librement inspiré du livre Danbé, d’Aya Cissoko et Marie Desplechin, Éditions Calmann-Lévy (2011).

http://afriqueinside.com/aya-cissoko-livre-son-histoire-de-boxeuse-dans-danbe-la-tete-haute31122014/
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