INNOCENCE PROJECT : DES ÉTUDIANTS CONTRE LES ERREURS JUDICIAIRES
En presque 50 ans d’histoire pénale française, seuls huit condamnés ont vu aboutir leur procédure de révision en matière criminelle. La Justice française serait-elle exempte de toute erreur judiciaire ? Pour Sylvain Cormier et son armée d’étudiants, la Justice est humaine et donc faillible. S’inspirant d’une association américaine, l’avocat a créé "Innocence Project France"pour lutter contre ces erreurs judiciaires.
Julia Fauconnier
Source : http://www.studyrama.com/vie-etudiante/innocence-project-des-etudiants-contre-les-erreurs-judiciaires
Inspiré des Etats-Unis
Innocence Project a été créé en 1992 pour contrer le manque de fiabilité des témoins d’un crime. Depuis lors, plus de 300 procès ont été révisés, menant à un classement des origines des erreurs judiciaires aux Etats-Unis. Les faux témoignages arrivent en tête des erreurs menant à l’incarcération d’innocents. Puis viennent les erreurs d’identification, les aveux erronés et les erreurs de médecine légale.
Afin de donner une seconde chance aux inculpés et tenter d’établir de semblables statistiques, la version française de cette association à but non lucratif a vu le jour le 11 janvier 2013. Sylvain Cormier, avocat lyonnais, s’est fixé comme objectif d’innocenter des détenus victimes d’erreurs judiciaires.
Une approche multidisciplinaire...
Dans une interview au Monde, l’avocat pénaliste rappelle que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, seules huit procédures de révision en matière criminelle ont abouti en France. "Cela veut-il dire que la justice ne se serait trompée qu’un peu moins d’une fois tous les dix ans ?" s’interroge-t-il.
Pour Sylvain Cormier, la clé de la réussite d’un tel projet réside dans le travail collectif des différents corps de métier : "Un policier sait lire entre les lignes d’un procès-verbal, les avocats savent détecter un dossier un peu foutraque... Mais jusque-là, chacun travaillait dans son coin." Ainsi, les dossiers confiés à "Projet Innocence" vont être revus, point par point, à l’aune des spécialités de chacun, qu’il soit avocat, policier, procureur, professeur de droit ou expert médico-légal.
Le rôle crucial des étudiants
Ce projet ambitieux ne pourrait se faire sans les étudiants. Quand certains organisent des reconstitutions de procès historiques, ils sont près d’une trentaine, étudiants de l’université Lyon-III, à s’être portés bénévoles à "Projet Innocence". Là encore, ils sont issus des différentes filières de la Justice, ils veulent devenir juge, commissaire, avocat...
A l’image de Nadia, étudiante à l’Institut d’études judiciaires (IEJ), ils sont chargés de réaliser un premier tri parmi les nombreuses demandes des condamnés s’estimant victimes d’une erreur judiciaire. Interrogée par 20 minutes, elle explique : "On est tous animés par un idéal de justice. S’il y a des innocents en prison, on fera tout pour les aider."
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Crédit photo : Brent Smith CC BY NC SA 2.0