C’était le boxeur français le plus adulé avant Marcel Cerdan. Il était un ami de mon oncle, garagiste à La Garenne-Colombes qui lui avait acheté sa moto. Des ennuis de freins le firent s'arrêter au garage. Mon oncle regarda le problème et répara immédiatement. Il ne lui fit rien payer, heureux d'avoir fait la rencontre d'une des "idoles" de sa jeunesse. Quelques jours plus tard, Robert Charron est revenu pour offrir un appareil photo en remerciements : « j’en ai plein, c’est des cadeaux qui me sont faits … ». A partir de ce jour Robert Charron venait souvent discuter avec mon oncle pour lui raconter ses aventures (et ses mésaventures) de boxeur. Il était triste des traitements que lui avait fait subir le milieu du ring. Un milieu qui abusait de lui, de sa gentillesse, de son innocence et qui profitait de l’argent que lui rapportaient ses combats. « Un soir après un combat on est allé au restaurant. Entrainé j’ai bu, beaucoup trop bu. Dans mon ivresse, vexé par une réflexion j’ai saccagé le bar à coup de poings. Au petit matin, conscience reprise, j’étais atterré. ». Robert Charron dédommagea sur le champ le patron de ses dégâts.
Boxeur d'une puissance incroyable, il était surnommé "la patate". C'est dire le poids de ses coups. Je me souviens de ses mains énormes et j'imagine que ses frappes étaient comme des coups d'enclume pour ses adversaires. Son problème était son indiscipline. Vrai qu'il n'avait pas dormi la veille de sa rencontre contre Cerdan pour le titre national en 1948. On s'était arrangé pour lui coller 7 filles dans son lit! Et en plus, avant le combat, il avait eu une sacrée piqûre, pas pour le doper, pour le diminuer. Il fallait laisser la place pour l'Amérique et le titre mondial à Cerdan! Charron était trop informel. Il a beaucoup fait la foire et flambé les gains de ses combats. Sa chance fut l’ingérence de sa belle-mère dans ses affaires qui lui mit de coté suffisamment pour qu’il vive bien jusqu’à la fin de ses jours. Il avait un beau pavillon à Houilles (banlieue nord-ouest de Paris). Il avait un singe comme animal de compagnie. Son fils Patrick fut un jeune cycliste prometteur qui gagna un Paris-Beauvais.
C'était un type charmant pas violent du tout dans la vie. Mais sur le ring, en possession de tous ses moyens les connaisseurs disent qu'il était meilleur que Cerdan. Moins fin boxeur mais plus puissant, grand encaisseur. Pas un artiste, un massacreur! Le combat Charron-Cerdan est en ligne sur le Net. Vous pouvez le visionner à l’adresse :
http://www.dailymotion.com/video/xzzfg_cerdan-contre-charron_events
Robert Charron termine les 15 rounds debout, il fut le seul à cette époque. Cerdan fut mis à terre lors du premeir round. Les premiers rounds montrent un Charron solide qui marche sur Cerdan. Il a durement encaissé. En condition physique normale, sans excès la veille du combat, la terrible puissance de Robert Charron se serait pleinement exprimée. Quel aurait été le résultat ? A la fin du combat, Charron était moins fort, affaibli, Sa garde moins assurée, Cerdan lui porta des coups lourds. Robert Charron termina le visage très marqué par les coups.
Cerdan était plus sûr, plus fiable, plus docile pour les magnats de la boxe. Robert Charron devint vite un boxeur rejeté du milieu qui se réfugia dans le stock-car puis dans le catch.
http://nostalgie-catch.blogspot.com/2008/04/ces-boxeurs-devenus-catcheurs-1-robert.html
Il avait gardé sa renommée de Diable des rings et son nom sur les affiches attirait encore le public qui connaissait son passé de grand de la boxe.
C'est à Poitiers que Robert Charron est décédé d'un arrêt cardiaque. Il était atteint d'un cancer. C'était le 11 mars 1995. Il était né à Buxerolles en 1918.
http://christianlajon.ublog.com/weblog_de_christian_lajon/2009/11/boxe-robert-charron.html