Bonhiver entraîne les détenues valenciennoises
Depuis l’enfance, elle est le symbole que la boxe est aussi un sport de femmes. Entraîneur au Boxing club maubeugeois, elle se bat pour attirer la gente féminine dans son effectif. Elle va même plus loin, depuis qu’elle enseigne la boxe aux femmes de la prison de Valenciennes.
Cindy, coach de boxe à Maubeuge, entraîne les détenues valenciennoises
Certains disent qu'il s'agit d'un sport violent. D'autres qu'il est destiné aux hommes. Cindy Bonhiver, elle, a renvoyé ces clichés sur la boxe au vestiaire depuis longtemps. Originaire de Vieux-Reng, l'éducatrice sportive partage sa vision de son sport de prédilection, de son poste d'entraîneur du Boxing club maubeugeois. La jeune femme de 31 ans est tombée dans la marmite de la boxe étant petite. Elle avait à peine neuf ans quand elle a enfilé ses premiers gants, découvrant ainsi son premier coup… de cœur !
Cindy Bonhiver, boxeuse professionnelle, a été finaliste à deux reprises au championnat de France. « Je ne peux pas raccrocher les gants avant d’avoir gagné le titre », ambitionne-t-elle
Formée par un coach qu'elle considère aujourd'hui « comme un deuxième père », Cindy Bonhiver a naturellement voulu remplacer son mentor lorsque celui-ci a pris sa retraite. Après avoir fait différentes formations, elle a obtenu le droit d'enseigner, mais la boxeuse a voulu aller plus loin dans son investissement. « En parallèle, j'ai fait une formation à Nantes pour amener les femmes à la boxe », précise-t-elle. Là est le symbole le plus fort de la mission qu'elle s'est fixée autour de la boxe. Cindy Bonhiver a donc appris toutes les techniques de l'aéroboxe, « du fitness en musique, avec toute la gestuelle de la boxe, mais sans face à face, détaille-t-elle, on travaille beaucoup le cardio et le physique ». Et le cours a trouvé ses adeptes. Le Boxing club maubeugeois comptait 50 licenciés l'an dernier, mais cet effectif devrait doubler pour cette nouvelle saison. La volonté de Cindy Bonhiver de pérenniser l'aspect féminin au sein du club n'est pas étrangère à ce succès.
« L’appréhension » avant de découvrir la prison
Cet objectif va même bien au delà des frontières maubeugeoises. La boxeuse intervient à la maison d'arrêt de Valenciennes. Cette action entre dans le cadre de la finalisation de son diplôme (BP JEPS), qui atteste de la possession des compétences professionnelles indispensables à l'exercice du métier d'animateur, de moniteur et d'éducateur sportif. Cindy Bonhiver s'est focalisée sur deux commandes fédérales (alors qu'une seule suffisait, ndlr) : le public féminin et le milieu carcéral. Pour son deuxième choix, la Vieux Rengtoise reconnaît avoir eu de « l'appréhension » avant de se lancer dans l'aventure de la prison. « Mais je suis curieuse et j'aime aller vers l'inconnu », justifie-t-elle. Vendredi 12 septembre, elle a rencontré pour la première fois les détenues, puisque là-encore, ses interventions sont destinées à un public féminin. Cinq autres déplacements vont suivre pour réussir à faire découvrir la boxe aux 28 femmes de la prison valenciennoise. Les séances de Cindy Bonhiver étant enseignées à de petits groupes. Pendant 50 minutes, « on aborde la boxe par l’aéroboxe », décrit la boxeuse. Vendredi, au sein même de la cour de la prison, l'activité a immédiatement suscité un réel engouement. « Vous revenez quand ? » a même été la question récurrente posée à la Maubeugeoise au terme de son entraînement. Si elle n'a pas encore pu donner une réponse définitive, Cindy Bonhiver espère s'investir à la maison d'arrêt de Valenciennes sur du long terme.
« Aucun sport ne vise la femme en prison »
D'autant plus qu'elle souhaite médiatiser son action. Simplement pour jeter « des bons flux dans toute la France ». Elle va suivre de près le développement des activités destinées aux femmes incarcérées. « En prison, il y a le foot et la musculation, mais aucun sport ne vise directement la femme ». Avec l'aéroboxe, « la féministe » comme elle est surnommée au sein de sa formation, compte faire évoluer les mentalités. Elle en est convaincue : le sport en général, et la boxe en particulier, « peut être un vecteur de réinsertion à la sortie de prison de ces détenues ». Ce sport se définit par « des valeurs et un respect mutuel », que Cindy Bonhiver devrait encore transmettre dans les semaines, et peut-être les années à venir…
Son travail auprès des jeunes
Cindy Bonhiver enseigne aussi la boxe dans le complexe sportif de Feignies, pour les enfants des écoles primaires (du CP au CM2). Si les enfants de Feignies sont privilégiés, d'autres de l'extérieur peuvent aussi participer aux séances. Une quinzaine de jeunes répondent présents, chaque mercredi, et la boxeuse professionnelle se réjouit d'encadrer un effectif mixte. Et puisque son féminisme n'est jamais bien loin, Cindy travaille actuellement sur la mise en place d'un partenariat entre les villes de Feignies et Maubeuge. « On voudrait faire une annexe du club de Maubeuge à Feignies pour permettre aux femmes qui ne peuvent pas venir jusqu'à Maubeuge de pouvoir boxer quand même ». Comme souvent lorsqu'elle se bat pour défendre ses projets, cette opération est à deux doigts de se concrétiser. Cindy Bonhiver serait-elle une boxeuse avec une main de fer dans un gant de velours ?
Ses autres missions... elle combat l’image négative de la boxe
C'est un fait, la boxe souffre encore d'une mauvaise réputation. Cindy Bonhiver met un point d'honneur à effacer « l'image violente » dont souffre son sport favori. « Des parents s'inquiètent parfois quand ils inscrivent leurs enfants à la boxe », a-t-elle constaté. Pourtant, différentes techniques permettent d'éviter les blessures depuis plusieurs années. Sur le plan médical aussi, l'évolution sur le bien- être du boxeur est encore plus importante.
Toutes les classes sociales
En ce qui concerne les combats, la victoire par K.-O. ressemblerait presque à une légende… « Dès qu'un arbitre voit une détresse dans l'œil du boxeur, il arrête le combat ». Pour toutes ces raisons, « on prend beaucoup plus soin du boxeur qu'avant », avance la Vieux Rengtoise. Une façon aussi de continuer dans son entreprise de séduction pour apporter la boxe au plus grand nombre : hommes, femmes, enfants… toutes classes sociales confondues. Autre idée reçue, jetée par la boxeuse, cette stigmatisation de la population passionnée par la boxe. « Il n'y a pas que les classes sociales défavorisées qui pratiquent ce sport », rappelle-t-elle.
Par Joffrey Meunier
Source : La Sambre
http://www.ffboxe.com/news-19857-bonhiver_entraine_les_detenues_valenciennoises.html