Hommage à notre camarade Serge Pérez qui nous a quitté le vendredi 29 janvier 2021
Témoignage de notre entraineur monsieur Lacasa:
Serge Pérez (1960 -1969)
Pérez arriva à la salle au cours de l’année 59. Il travaillait avec son frère comme artisan-peintre. Un garçon extrêmement sérieux et gentil. Doté du punch, il possédait un terrible uppercut de gauche au foie et d’un droit au menton. Il gagna de nombreux combats par KO grâce à ses deux coups favoris. Le plus souvent, les boxeurs sont gentils dans la vie et des teignes sur le ring. Lui il était gentil dans les deux. Lors des combats je devais le pousser à faire mal, à ne pas lâcher son adversaire quand il avait l’avantage en concluant par une série. Il boxait en Welters. Il fut champion de Guyenne à plusieurs reprises.
Lors d’un championnat de France de 1968 en huitième de finale, il rencontra Yvon Mariolle. Perez avait le défaut d’avoir la « tête en l’air » au lieu de la garder entre les deux épaules. Son adversaire réussit à le cueillir et à l’envoyer à terre. Il perdit le combat aux points. Cette année-là, Yvon Mariolle devint le champion de France.
Suite à l’accident de Fumel, comme je l’ai relaté, Serge ne revint pas à son niveau et ne put devenir ce qu’il promettait. Dommage ! À part la hargne, qui lui manquait, il avait tout pour devenir un champion.
Mon témoignage:
Quand j’annonçais la nouvelle à mes parents, que je voulais faire de la boxe, ils n’en croyaient pas leurs oreilles. Ils me laissèrent faire pensant qu’il s’agissait d’une lubie passagère. Je ne me souviens pas comment j’atterris au Club des Girondins de Bordeaux. Je fis la connaissance de monsieur Lacasa et m’inscrivis. J’habitais à la rue des Bouviers, au milieu des quartiers de Saint-Michel, les Capucins et Sainte-Croix, à environ 5 kilomètres de la salle. Je pensais que mes parents me donneraient de l’argent pour prendre le bus. Comme ils voulaient me dégoutter, ils refusèrent. Pendant quelques mois, je faisais, trois fois par semaine, le trajet aller-retour à pied.
Un soir, Serge Perez me klaxonna :
– Où tu vas ?
– Chez moi !
– À pied !
– Ouais !
– Monte.
Il me déposa au cours Victor Hugo à 500 mètres de mon domicile. Par la suite, je l’attendais au même endroit et il m’y déposait en fin de soirée. J’aimais beaucoup Serge. Il était la gentillesse même. Un beau boxeur doté du punch. Ses uppercuts des deux mains à la face et au corps étaient terriblement efficaces et d’une grande pureté. Particulièrement, le gauche quand il touchait le foie. Il gagna de nombreux combats par KO. À cause de ma timidité, je ne me liais pas facilement. Serge devint mon premier camarade dans le Club. Il me prit sous sa coupe. Il me donnait des conseils quand je mettais les gants avec lui ou avec d’autres gars de la salle. Quand je faisais du sac, il me corrigeait.
Petit à petit, j’appris à les connaître tous : Andron le plume, Abbas le coq, Ben Ali le mi-lourd, Kaloufi le mouche...
Volà mon ami et mon grand frère, tu vas retrouver monsieur Lacasa, Kaloufi, Abbas, Kéloufi, et vous allez parler de boxe, j'en suis sûr et du bon vieux temps...
Et courage à toi Laurent... de tout coeur je suis avec toi, ainsi que tous ceux qui ont connu ton papa!
Victor Ojeda